Le vieillissement, opération indispensable pour qu’une eau-de-vie devienne un cognac commercialisable, s’effectue dans des fûts de 270 à 500 litres.
Le cognac est un produit vivant. Pendant son long séjour dans des fûts de chêne, à l’abri des chais, il va s’approprier tout naturellement, grâce à la porosité du bois qui permet un contact indirect entre l’eau-de-vie et l’air ambiant, ce que le bois doit lui donner pour façonner sa couleur et son bouquet définitif..
Ainsi, les substances extraites du bois de chêne par le cognac modifient l’aspect physique du cognac en lui donnant une couleur qui va du jaune d’or au brun ardent.
Ce transfert des caractéristiques naturelles du chêne provoque, avec le temps, la formation du “rancio” et développe le bouquet du cognac.
Le degré d’humidité naturelle des chais dans lesquels les fûts sont stockés constitue, par son influence sur l’évaporation, l’un des facteurs déterminants de la maturation. Quand il existe un équilibre entre humidité et sècheresse, l’eau-de-vie devient moelleuse et vieillit de façon harmonieuse. Cette évolution du vieillissement comprend trois phases principales : l’extraction, l’hydrolyse, et l’oxydation.
L’extraction : L’eau-de-vie nouvelle, stockée dans des fûts neufs, solubilise les substances extractibles du bois et acquiert une teinte jaune d’or. Une partie des composants volatiles s’élimine… Les eaux-de-vie subissent une évolution sur le plan de la teinte (passage progressif de l’incolore à jaune accentué) et sur le plan de la saveur et du bouquet (odeur de bois de chêne avec un caractère très faiblement vanillé).
L’hydrolyse : C’est une phase transitoire qui préfigure une évolution importante des caractéristiques organoleptiques. L’eau-de-vie s’apprête à “digérer le bois”. Sa coloration a tendance à s’assombrir.
L’oxydation : Le goût s’adoucit, l’odeur de chêne étuvé disparaît au profit d’odeurs florales et légèrement vanillées, la coloration s’accentue. Au fil des années, l’eau-de-vie devient de plus en plus moelleuse, le bouquet s’enrichit, on observe l’apparition du “rancio”.
Pendant tout le temps où, dans son fût, le cognac prend le meilleur du chêne pour révéler les saveurs les plus exquises, il va, en étant en permanence en contact avec l’air, perdre progressivement et sans excès sa force alcoolique et son volume.
Cette évaporation naturelle, appelée très poétiquement la “Part des Anges” qui s’évanouit dans la nature représente chaque année environ 2% du cognac stocké : un très lourd tribut que les producteurs n’hésitent pas à payer afin que l’élaboration rime avec perfection.
Ces vapeurs d’alcool nourrissent un champignon microscopique,
le “torula compniacensis”, qui recouvre, en les noircissant, les pierres de la région, leur conférant ainsi une couleur caractéristique aux chais de vieillissement.
Une fois leur maturité atteinte, le producteur / maître de chais décide de mettre fin au vieillissement des eaux-de-vie et procède à leur transfert dans de très vieux fûts de chêne puis dans des bonbonnes de verre, appelées “Dames-Jeanne”, dans lesquelles les eaux-de-vie pourront séjourner à l’abri de l’air durant de nombreuses décennies sans se modifier davantage. Le chai obscur, en général tenu à l’écart des autres chais, où séjournent les eaux-de-vie les plus anciennes s’appelle “le paradis”.